Transformer n'est pas rĂ©organiser : Le guide de survie humain pour les RH face au changement radical.Â
70 % des transformations Ă©chouent Ă cause du facteur humain. DĂ©couvrez le guide RH inspirĂ© du cas RTBF pour rĂ©ussir votre conduite du changement et ne laisser personne de cĂŽtĂ©.Je vais ĂȘtre franche avec vous. Le mot "transformation" me fatigue. On l'entend partout, dans tous les comitĂ©s de direction, sur toutes les slides PowerPoint. Le problĂšme ? On l'a vidĂ© de son sens. On l'a rĂ©duit Ă des organigrammes, des process et des outils. On a oubliĂ© que transformer une entreprise, c'est avant tout accompagner des ĂȘtres humains qui perdent leurs repĂšres.Quand j'ai discutĂ© avec Christine Thiran, DRH de la RTBF, j'ai compris que j'avais en face de moi une leader qui n'avait pas oubliĂ©. Elle a pilotĂ© une des mutations les plus profondes du paysage mĂ©diatique belge, non pas depuis une tour d'ivoire, mais depuis les tranchĂ©es, au plus prĂšs de ses Ă©quipes.Son tĂ©moignage est un antidote puissant Ă la dĂ©shumanisation du changement. Oubliez les consultants et les schĂ©mas complexes. Voici les leçons humaines d'une transformation radicale.Le choc initial : Accepter et nommer le deuilImaginez la scĂšne. Vous rĂ©unissez vos 200 meilleurs cadres. Des gens qui ont bĂąti leur carriĂšre, leur identitĂ© professionnelle, au sein d'une structure qu'ils connaissent par cĆur. Et lĂ , vous leur annoncez la nouvelle.Christine le raconte sans dĂ©tour : « On a annoncĂ© Ă tous ces cadres qu'une grosse partie allait devoir⊠on allait leur retirer leur mandat. »Le mot est lĂąchĂ© : "retirer". Ce n'est pas une "Ă©volution de carriĂšre", c'est une perte. Une perte de statut, de repĂšres, de relations de travail construites sur des annĂ©es. C'est prĂ©cisĂ©ment Ă cet instant, en niant l'impact Ă©motionnel, que la plupart des plans de transformation sĂšment les graines de leur propre Ă©chec.Ce que Christine et son Ă©quipe ont eu l'intelligence de faire, c'est de nommer les choses. Ses mots sont forts et rĂ©sonnent encore en moi : « On a fait Ă©normĂ©ment de programmes d'accompagnement, de gestion du deuil parce que couper, casser les Ă©quipes comme ça⊠il y a un deuil. Il faut le reconnaĂźtre, mĂȘme si mon patron, ça l'Ă©nervait que je parle de ça. »Parler de "deuil" en entreprise, ça peut paraĂźtre excessif. Pourtant, c'est exactement ce que modĂ©lise la cĂ©lĂšbre Courbe du Changement d'Elisabeth KĂŒbler-Ross. Initialement appliquĂ©e aux phases du deuil, elle dĂ©crit parfaitement les Ă©tapes Ă©motionnelles que traverse un collaborateur face Ă un changement majeur : le choc, le dĂ©ni, la colĂšre, la nĂ©gociation, la tristesse, et enfin, l'acceptation. Ignorer ces phases, c'est la garantie de voir la rĂ©sistance s'installer durablement.âLa Courbe du Changement : Comprendre les phases Ă©motionnelles d'une transformation.âLa philosophie cardinale : "Ne laisser personne sur le bord"Face Ă ce chaos Ă©motionnel, une seule boussole a guidĂ© l'action de la DRH de la RTBF. Une phrase simple, mais qui change tout.« Il Ă©tait juste essentiel de ne laisser personne sur le bord. [...] Le pire, c'est de laisser les gens sur le cĂŽtĂ©. Ils ne comprendront pas et ils commenceront Ă avoir des pensĂ©es qui ne sont pas positives. »Cette phrase n'est pas un vĆu pieux. C'est une stratĂ©gie. C'est la conviction que l'Ă©nergie dĂ©pensĂ©e Ă accompagner chaque individu est un investissement, et non un coĂ»t. ConcrĂštement, ça veut dire quoi ? Christine explique avoir "motivĂ© ses Ă©quipes Ă aller chercher les gens", Ă comprendre pourquoi un cadre n'avait pas postulĂ© Ă un nouveau poste, Ă s'assurer que chacun avait une porte de sortie ou un chemin de transition clair.Cette approche est aux antipodes de la mĂ©thode classique qui consiste Ă annoncer le plan et Ă laisser les gens se dĂ©brouiller. Le rĂ©sultat ? Ce chiffre n'est pas une intuition, mais une dure rĂ©alitĂ©. Une Ă©tude fondatrice de la Harvard Business Review ("The Hard Side of Change Management") confirme que prĂšs de 70 % des initiatives de transformation Ă©chouent. La raison principale ? Les entreprises se concentrent sur les aspects techniques (structure, process) et nĂ©gligent l'Ă©lĂ©ment humain, la "partie soft", qui est en rĂ©alitĂ© la plus dure Ă gĂ©rer. En ne laissant personne sur le cĂŽtĂ©, la RTBF n'a pas seulement fait preuve d'humanitĂ© ; elle a dĂ©samorcĂ© la principale bombe Ă retardement de son projet.(Source : "The Hard Side of Change Management", Harold L. Sirkin, Perry Keenan, and Alan Jackson, Harvard Business Review, Octobre 2005. URL : https://hbr.org/2005/10/the-hard-side-of-change-management)La mĂ©canique du succĂšs : Allier le sens et la structureAvoir une philosophie, c'est bien. Avoir une mĂ©thode pour l'appliquer, c'est mieux. Le cĂ©lĂšbre modĂšle de conduite du changement en 8 Ă©tapes de John Kotter offre une grille de lecture parfaite pour comprendre la rĂ©ussite de la RTBF. Si l'entreprise n'a pas consciemment cochĂ© chaque case, on retrouve l'esprit de ces Ă©tapes clĂ©s dans son approche.Voici les 8 Ă©tapes du modĂšle de Kotter :CrĂ©er un sentiment d'urgence.Former une coalition directrice puissante.DĂ©velopper une vision et une stratĂ©gie.Communiquer la vision du changement.Donner aux employĂ©s le pouvoir d'agir.GĂ©nĂ©rer des victoires Ă court terme.Consolider les acquis et produire encore plus de changement.Ancrer les nouvelles approches dans la culture d'entreprise.Dans son tĂ©moignage, Christine met particuliĂšrement l'accent sur les Ă©tapes 1, 4 et 6. L'urgence (la survie du mĂ©dia face aux nouveaux usages), la communication de la vision (« On a passĂ© beaucoup de temps Ă expliquer le sens, le pourquoi. [...] Avoir un storytelling qui faisait sens. ») et les victoires Ă court terme (la promesse de mobilitĂ© interne, accueillie avec scepticisme mais prouvĂ©e par les chiffres : 146 postes sur 154 pourvus en interne) ont Ă©tĂ© les piliers visibles de leur succĂšs.Ce que je retiens, en tant que leader...L'aventure de la RTBF n'est pas une simple rĂ©organisation. C'est une masterclass sur le leadership en temps de crise. Elle nous rappelle que notre rĂŽle, en tant que leaders RH, n'est pas de dessiner des cases, mais de tenir la main. De reconnaĂźtre la douleur, de donner un cap clair et de ne jamais, jamais, considĂ©rer l'humain comme une variable d'ajustement.La vraie transformation ne se mesure pas Ă la beautĂ© du nouvel organigramme, mais Ă la rĂ©silience et Ă la confiance des Ă©quipes qui l'ont traversĂ©e.Et vous, dans vos transformations, comment vous assurez-vous que personne ne reste sur le bord du chemin ?Envie d'aller plus loin?Cette question en amĂšne une autre, tout aussi cruciale : une fois la nouvelle structure en place, comment s'assurer que les nouveaux rĂŽles soient clairs, motivants et vraiment alignĂ©s avec la vision ? Car le risque est grand de retomber dans ses travers avec des fiches de poste qui ne reflĂštent pas le changement.Transformer les rĂŽles sur le papier est une chose. Les faire vivre en est une autre. C'est un dĂ©fi que je rencontre tous les jours. C'est pourquoi nous organisons des sessions d'introduction Ă Jobloom, courtes et interactives. L'objectif ? Vous montrer concrĂštement comment repenser vos descriptions de mission pour en faire de vĂ©ritables outils de management et de motivation.Pour dĂ©couvrir une mĂ©thode et des exemples concrets, rejoignez l'une de nos prochaines sessions. L'inspiration est garantie.â